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MONSIEUR AUGUSTE

— Mais tu n’as donc pas vu ? dit Louise derrière l’éventail, Octave m’a enlevée de vive force ; il a deux mains de fer.

— Mauvaise raison ! reprit la voisine ; la volonté d’une femme est plus forte que la main d’un homme. Tu es folle de la valse, voilà ! tu valserais avec ce fauteuil ; il a deux bras.

— Tu es souvent bien injuste envers moi, ma chère Agnès, dit Louise, en accompagnant ce reproche d’un signe d’impatience très-marqué.

Un plateau de glaces s’arrêta devant les deux jeunes filles et mit fin à leur entretien.

— Une fille est le souci d’un père, disait M. Lebreton, en découpant un granit glacé avec le tranchant d’une petite cuiller de vermeil. Vous aurez un jour ce souci, mon cher monsieur Auguste.

— Oh ! monsieur Lebreton, dit Auguste Verpilliot, en savourant par livraisons une glace vanille, je suis si absorbé en ce moment par des travaux sérieux, qu’il me serait impossible de tourner la plus distraite de mes idées vers le mariage.

— Il est vrai de dire que vous êtes un rude piocheur, monsieur Auguste… En ce moment, vous achevez… m’avez-vous dit… une… une…

— Une étude sur la seconde guerre punique, dit ; gravement Auguste, en déposant la soucoupe sur