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MONSIEUR AUGUSTE

nées au duo de la Favorite et aux deux admirables artistes rendirent Octave au monde réel. Seul il n’applaudissait pas, et personne plus que lui n’avait savouré les mélodies de ce concert.

Dans la confusion produite par la fin du concert, M. Lebreton se déroba aux compliments pour se précipiter vers Auguste, qu’il pouvait enfin aborder.

— Mon cher enfant, lui dit-il, je vous ai fait vingt fois des signes et jamais vous n’avez regardé de mon côté. Il y avait une excellente place devant moi.

— Il y avait tant de monde ! dit Auguste avec embarras ; je voyais tout et ne voyais personne… Un superbe concert ! monsieur Lebreton.

— C’est pour ma fille que j’ai donné cette petite fête. Louise adore la musique… et ensuite, je ne suis pas fâché de commencer la semaine des fiançailles par un concert.

Ces paroles furent accompagnées d’un léger éclat de rire très-significatif.

— Un superbe concert ! superbe ! dit Auguste pour ne pas rester muet.

— Et avons-nous avancé les affaires à Paris ? demanda M. Lebreton en se frottant les mains.

— Oui… oui, monsieur Lebreton… nous causerons de cela demain… je n’ai pas la tête à moi… le chemin de fer m’a beaucoup fatigué… il y a du tan-