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MONSIEUR AUGUSTE

longtemps, et je ne me fais pas chercher, comme vous voyez. Ne disons que le nécessaire, et bien bas. Monsieur Octave me trouvera demain, devant la faisanderie, à cinq heures. Quant aux conditions, j’approuve ce que vous aurez réglé. J’ai bien l’honneur de vous saluer, monsieur.

Et le colonel entra dans les salons.

— Bon ! se dit Auguste stupéfait, en voilà encore un ! Ils ont tous perdus la tête aujourd’hui. Ce monsieur dit qu’il m’attendait ; le diable m’emporte si je le cherchais, moi ! Allons conter cette nouvelle énigme à Octave.

Parler à Octave, en ce moment, n’était pas chose facile. Notre bouillant amoureux s’était incrusté dans l’embrasure d’une fenêtre, entre deux rideaux, et, de ce poste très-bien choisi, il savourait les délices de la contemplation. Louise était assise à trois pas de lui. C’était la première fois que le jeune artiste allait éprouver la plus douce des sensations, celle qui emporte l’amour dans une région infinie ; il allait écouter de la grande musique, en regardant la femme aimée. Ce bonheur doit avoir été inventé au paradis.

Une jeune et belle cantatrice de la société parisienne, talent d’amateur, âme d’artiste, Mme de G*** vint se placer à l’angle du piano, et aux premières