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MONSIEUR AUGUSTE

un quart d’heure, et après, la prison, le néant, la misère, la mort.

— C’est de l’hébreu ! dit Auguste.

— C’est de l’amour ! reprit Octave.

— Enfin, n’en parlons plus, dit Auguste après une pause ; le temps défait bien des choses… » Il est tard… la grille de M. Lebreton ne sera pas fermée, j’espère. Nous parlerons d’autre chose demain. Tu ne veux pas me donner l’hospitalité cette nuit.

— Mais écoute donc, dit Octave, en ouvrant la fenêtre, il y a grande soirée chez M. Lebreton. On fera de la musique jusqu’à deux heures du matin. On a fait venir des artistes de Paris. Gueymard chante des airs de Guillaume Tell ; sa femme chante le grand air de Robin des Bois, et le duo de la Favorite avec Roger. On n’a pas même commencé le concert. M. Lebreton dépense dix milles francs de musique, cette nuit… Ah ! bon, il n’aime pas la musique, celui-ci ! Mais qu’aimes-tu donc, mon pauvre Auguste ?… Cette question te fait sourire… Voyons, je parie que tu ne connais par le duo de la Favorite ?

— Non.

— Ah ! C’est trop fort ! Eh bien ! tu vas faire sa connaissance… Laisse-moi mettre mon habit de gala… Ce que tu aimes, toi, par exemple, c’est la toi-