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une de ces nouvelles qui donnent la joie aux familles, la nouvelle d’une future et prochaine paternité.

Au terme prescrit, une jeune fille fut donnée à l’heureux mari ; on célébra le baptême avec une certaine pompe et la marraine, qui se nommait par hasard Marguerite, transmit son nom à l’enfant.

D’après un calcul infaillible, la jeune fille était venue au monde tout juste neuf mois après l’arrivée de l’Adamastor des Indes. Ces sortes de dates, qui composent les chronologies domestiques, ne s’oublient jamais ; on dirait qu’elles sont écrites sur tous les murs d’une maison, et aucune mémoire n’hésite lorsqu’il s’agit de les citer.



II



Ce chiffre, qui coupe le récit en deux, représente un espace de dix-huit ans écoulés, et dispense l’historien de beaucoup de détails inutiles au fond de l’histoire.

M. de Saint-Saulieux et sa femme, assis sur le perron de leur jardin, regardaient d’un œil humide de bonheur une jeune fille de dix-huit ans qui attendait le soir avec impatience, en se promenant sur une allée qui était une allée de fleurs.

C’était leur fille Marguerite c’était leur unique enfant.

Le ciel qui connaît seul le secret des fécondités ou des sté-