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— Mon enfant, que veux-tu que je t’apporte au retour ?

Et la fille répond :

— Une rose.

— Voilà une rose, dit M. de Saint-Saulieux, qui ne sera pas de la première fraîcheur an retour de ce bon père Sander.

— Aussi, dit madame de Saint-Saulieux, ce n’est pas une rose que je vous demanderai, moi.

— Et que voulez-vous que je vous apporte de mon voyage, ma chère amie ? — demanda le mari avec la tendresse d’un mari qui part pour les Indes.

— Je veux une perle mais une belle perle, et celle-là, je la placerai, comme une reine, au milieu d’un collier ; elle embellira les autres, si vous la choisissez bien.

— Ma chère amie, — dit le mari en serrant la main de sa femme adorée, justement, je dois relâcher a Ceylan ; c’est le pays des belles perles, et je vous en rapporterai une qui sera la sœur cadette de la perle de Cléopâtre.

— Ah ! je connais l’histoire de cette perle, dit la femme ; Cléopâtre la fit dissoudre dans une coupe de vinaigre, en dînant avec Antoine.

— La mienne, répondit le mari, n’aura pas le même sort.

— Vous ne l’oublierez pas au moins, — dit la jeune femme en élevant un index d’ivoire à la hauteur de ses beaux yeux.

— Moi, oublier un souvenir de vous ? oh ? ma chère amie, vous me faites injure ? Est-ce que ce Sander a oublié la rose de sa Zémire ?

— Mais Zémire, — dit la femme avec une légère ironie, —