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Il ne visita ni Ceylan, ni Caveri, ni Elora ; son navire doubla le Coromandel, et suivit la côte du Mysore, jusqu’au petit port d’Elmin. De là, il se dirigea vers Hyder-Abad, seul but de son voyage. Arrivé dans la ville des diamants, le prince Zeb-Sing se déguisa en marchand d’Arménie, et se rendit à la maison du brahmane Kosrou, qui demeurait vis-à-vis la pagode de Ten-Tauli.

Le fakir avait dit vrai.

Le prince et le brahmane eurent un fort long entretien, à la suite duquel ce dernier, Indien fort dévot, dit qu’il travaillait depuis vingt ans afin d’acquérir une grande fortune, dont l’emploi devait lui ouvrir, après sa mort, les portes du jardin Mandana, où il pourrait contempler éternellement la déesse Indra, assise sous son manguier, à côté d’Irivalti, son éléphant de prédilection.

— Et comment, dit le prince, comptez-vous employer cette fortune, afin de jouir de tant de voluptés après votre mort ?

— En faisant restaurer le second étage de la pagode de Ten-Tauli, qui a été saccagée par un impie roi Mahratte.

— Et que vous manque-t-il, demanda le prince, pour commencer l’œuvre de cette restauration ?

— Il me manque une somme énorme, dix mille sequins, ou leur poids en or.

— Si vous étiez un marchand de diamants, dit le prince, comme tant d’Indiens de votre ville, nous pourrions faire ensemble un petit commerce, et vous auriez tout de suite assez d’or pour entrer, après votre mort, au jardin Mandana.