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les grandes constellations indiennes, et dit : « Mes ordres ont été exécutés ; le capitaine Moss est là. Ce palmier à demi décoiffé me l’indique. Les palmiers sont nos télégraphes. Nous choisissons toujours les plus élevés. »

V

Les Taugs.

Le costume d’Edward et du colonel appartenait, à peu de chose près, au genre primitif. Dans cette étrange guerre, le vêtement était une chose de luxe et d’embarras ; toute nuance d’étoffe était une délation. Ils avaient à leur ceinture une paire de pistolets et un poignard, peints de couleur sombre sur les canons et les pommeaux.

La vieille pagode de Miessour étale ses horreurs au bord de ce lac. C’est une petite colline de ruines où la pierre se voile de mousse, d’euphorbes, de genêts et d’aloès ; par intervalles, surgissent quelques énormes têtes de dieux indiens, dont le granit métallique a repoussé toute végétation, et qui conservent encore aux étoiles la hideuse immobilité que leur donna l’architecte mahratte d’Aureng-Zeb. Quand la clarté des astres, tamisée par le feuillage des lentisques, descend nébuleusement sur les faces rudes de ces simulacres, on croirait voir les géants de l’Iliade indienne de Ravana sortir des tombes pour recommencer la guerre de Ceylan. Ce paysage lugubre est souvent animé par des tigres noirs qui recherchent un piédestal de leur