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— C’est bien mon intention ! je ne serai complètement guéri qu’en entendant le oui des deux époux, prononcé en bon anglais.

— Vous êtes très-raisonnable pour un amoureux. Le lendemain du mariage, je vous apporte un vaisseau à trois mâts.

— Vous avez l’habitude d’obliger vos amis, sir Edward ; ainsi je ne vous remercierais pas pour une habitude.

— Oui, comte Élona, il est trop facile de suivre une habitude. Je me suis habitué à vivre de la vie des autres ; de cette manière on centuple la durée de son existence : c’est un calcul d’égoïste. J’ai trouvé le secret de vivre plus longtemps que Mathusalem.

— Et vous, sir Edward, qui feriez un si bon mari, est-il vrai que vous ayez renoncé au mariage ? Cependant vous devriez, comme chef de secte, donner l’exemple du croisement des races. C’est le reproche que vos disciples vous feront.

— Comte Élona, n’approfondissons pas mon histoire domestique à cet endroit. Les étoiles nous trouveraient ici… J’ai trente-huit ans, et je ne suis pas marié ; il est fort aisé maintenant pour moi de continuer ce système : il n’y a que les premiers trente-huit ans qui coûtent… et, pour vous rendre confidence pour confidence, comte Élona, je vous avoue que j’ai toujours un certain penchant pour les femmes que d’autres vont épouser. C’est une fatalité !… En arrivant à Hydrabad, j’ai été frappé de miss Arinda… Heureusement le colonel s’est prononcé… Je vous ai parlé de miss Elmina ; eh bien ! miss Arinda, c’est miss Elmina traduite de l’américain en indien… À Smyrne, Dieu m’a sauvé deux fois dans un an… Vous avez connu la comtesse Octavie ? Ah ! quelle femme ! je