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est sortie des entrailles de l’Afrique et du Bengale, de ces terres fécondes qui allaitaient les tigres, les éléphants et les lions, en appelant toujours des lèvres humaines attendues depuis six mille ans !

— Sir Edward, dit le comte Élona, ce jour renouvelle mon existence. Vous serez content de moi. Tout a une fin dans ce monde, même la douleur.

— À ce soir, messieurs, dit le colonel Douglas. Permettez-moi de conduire miss Arinda vers son père, qui l’attend.

— Sir Edward, dit Arinda, n’oubliez pas mon bouquet.

— Il s’est changé en bouquet de noces, miss Arinda ; je dois l’oublier beaucoup moins. »

Edward et le comte Élona, restés seuls, eurent ensemble ce court et vif entretien :

« Sir Edward, dit le comte polonais, je puis parler maintenant, je puis vous parler à vous, qui avez un cœur noble et digne de toutes ces confidences. Savez-vous ce que je suis venu faire au Bengale ?

— Non.

— Sir Edward, je suis venu me mettre dans les pieds du colonel Douglas… En arrivant à Alexandrie, figurez-vous ma stupéfaction lorsque je vis sur le pont le colonel Douglas !… J’avais quitté Smyme pour lui… il n’avait donc point épousé Amalia ! Je vous adressai une question timide, embarrassée… Vous me répondîtes sans connaître l’intérêt puissant que j’attachais à vos paroles… le mariage n’avait pas eu lieu… Alors, je pris une résolution étrange… avec ce titre de proscrit, qui semble justifier tous les voyages aventureux à travers le monde, je me déterminai à suivre le colonel Douglas partout. Je ne m’expliquai pas trop bien quel bénéfice je retirais de ma résolution, mais elle