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forme. Nous sommes en pleine paix. Mes devoirs de militaire remplis, je serai à vos pieds comme époux, ma chère Arinda.

— Mon colonel, je vous rends votre poignard.

— Arinda, j’espère bien que vous m’aimerez un peu…

— Je suis trop riche pour faire l’aumône. Quand je donne, je veux enrichir. »

On aurait dit, en ce moment, que le prédestiné au seuil du paradis avait prêté son sourire d’extase au visage de Douglas.

La jeune Indienne se leva et descendit l’escalier du chattiram, pour laisser toute liberté à l’entretien du nabab et du colonel.

Sir Edward, qui se promenait avec le comte Élona, dit à son compagnon :

« Voilà miss Arinda qui vient dépouiller le parterre pour vêtir de fleurs ses vases du Japon : c’est l’heure de cette toilette odorante. Comte Élona, vous êtes un peu trop sauvage ; cela n’est pas permis dans l’Inde. Allez donc offrir votre bras à la jeune reine des roses du Bengale. Je vous invite à cette politesse : elle est due à la fille de la maison.

— Sir Edward, dit Élona en souriant, il me semble que vous pouviez vous adresser à vous-même cette initation.

— Lorsqu’il s’agit d’un plaisir à prendre, je le cède toujours à un ami. C’est l’inverse lorsqu’il s’agit d’une peine : essayez-moi. »

Le comte Élona fit un signe d’adhésion et s’avança pour recevoir miss Arinda au bas de l’escalier.

Edward, resté seul, tourna nonchalamment sur ses pieds, comme pour s’assurer qu’aucun regard n’était fixé sur lui ; ensuite il fit quelques pas dans une direc-