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Indienne. On aurait cru entendre rouler une cascade de perles sur des lames d’or.

Edward se leva vivement pour examiner la gravure de plus près.

« Il est vrai que l’on pourrait s’y méprendre comme sir Edward, dit le colonel Douglas. Ce Taug, avec son air mystique, son front chauve taillé en mitre, et sa hache de Déera, ressemble assez bien de loin à un évêque de mer.

— Ah ! c’est un Taug ! dit Edward en se frappant le front ; on a beaucoup parlé des Taugs à Londres. J’ai vu un drame au théâtre d’Adelphi, sur les Taugs : la scène se passe dans l’Inde, sous le règne d’Alexandre le Grand, quelques siècles avant Jésus-Christ. »

Et il ajouta lestement :

« Seigneur nabab, le riz benafouly est le meilleur de l’Inde : je le préfère au riz de Mangalore, dont le grain est pourtant plus fort… Pardon, miss Arinda, vous croyez donc qu’il y a encore des Taugs dans les montagnes de Doumar-Leyna ?

— Certainement.

— Des Taugs fossiles ?

— Des Taugs vivants comme vous et moi, sir Edward.

— Oui… peut-être… il est à présumer, dit avec insouciance le colonel Douglas, que la dernière guerre a laissé là-bas quelques ermites.

— Mon père vous affirmera, dit miss Arinda en fixant ses grands yeux sur le visage impassible d’Edward, que, le mois dernier, deux voyageurs ont été étranglés sur la route de Mazulipatnam.

— Par des Taugs ? dit sir Edward.

— Et par qui donc ?…