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bonne ; toute patrie est la sienne ; tout péril doit le trouver prêt. Il est brave, résolu, sombre et peu causeur ; c’est donc l’homme des gruerres de nuit. Nous l’enrôlons. Je réponds du comte Élona.

— Tout est dit, sir Edward ; les croisées et les oreilles sont ouvertes devant nous. »

L’habitation de Nerbudda donne à l’Européen la plus haute idée du luxe des nababs. Elle est bâtie en pierres blanches, et ses murs sont épais comme ceux d’une forteresse ; cependant le style de son architecture ne manque ni de grâce ni de légèreté. La solidité massive de l’édifice est déguisée par des sculptures, des corniches à jour, et des balcons aériens avec des balustres en bois de santal. Le toit a la forme d’un cône écrasé : quatre rangs de supports le séparent du corps de logis, et permettent à l’air de circuler librement dans un grand espace. Aussi les étages supérieurs se dérobent à l’action verticale des rayons du soleil, qui n’embrase qu’une toiture inhabitée, espèce de bouclier levé contre la chaleur. Les salles basses ont banni les meubles lourds et étouffants : le bois de naucléa s’y entrelace en mille formes sveltes et capricieuses pour tous les besoins de la sieste, du recueillement, du repos et de la causerie nonchalante. Les gerbes d’eau vive, les persiennes des balcons, les grandes ailes des pankas, y entretiennent une fraîcheur éternelle, dans un demi-jour plein de volupté.

Le colonel Douglas et sir Edward entrèrent la joie au front, et prirent place à la table du nabab.

« Seigneur Sourah-Berdar, dit Edward en acceptant un plat de riz benafouly, j’ai voulu voir les ruines du temple de Doumar-Leyna, et je me suis égaré en chemin.

— Les ruines de Doumar-Leyna, dit le vieux nabab, sont dans la montagne, à quarante milles de Nerbudda.