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précautions usitées dans cette formidable guerre de surprises, de ruses, d’embûches infernales toujours dénouées par des assassinats. Edward et son guide rampaient comme deux reptiles, en supprimant leur souffle comme deux plongeurs, toujours voilés par la verdure, et n’avançant qu’à la faveur des brises intermittentes de la nuit, pour laisser attribuer au vent l’agitation des feuilles. Ils arrivèrent ainsi au pied du block-house de Mundesur, à la frontière des possessions anglaises. Hydrabad et son territoire sont censés appartenir à un chef indien, lequel n’est, au fond, que l’esclave docile des conquérants du Mysore. Les naturels du pays, doués de quelque intelligence, ont deviné cette politique de gouvernement occulte, organisée par l’étranger. La guerre des Taugs le prouve bien.

Edward coiffa sa tête nue de fleurs de tulipier, se lit un masque avec une large feuille d’acanthe, imperceptiblement piquée à la place de ses yeux, et regarda le block-house et ses environs en laissant flotter sa tête à la direction du vent.

Le silence de ce lieu était triste et donnait un augure funèbre. Tout attestait que le poste avait perdu ses soldats ; le drapeau seul s’inclinait sur la corniche, entre les sculptures de la licorne et du lion. Devant le block-house, une fontaine coulait avec un murmure effrayant, parce qu’il n’était jamais brisé dans sa monotonie par les mains ou les lèvres d’un soldat, dans un pays ardent, où l’eau vive est comme un ami consolateur que la souffrance appelle à son secours. Une heure écoulée, le doute n’était plus permis ; il fallait changer en réalité une horrible supposition.

Cependant sir Edward attendit le lever du soleil pour se montrer à découvert dans cette campagne ennemie, où il était sans doute arrivé une heure trop tard. La