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« Au reste, dans tout ceci, madame, les intérêts de notre belle enfant sont sauvegardés.

— Oh ! monsieur, s’écria la comtesse, n’êtes-vous pas honteux d’avoir déjà dit cela une fois ? »

Elle descendit à la salle de bal en murmurant des paroles sourdes qui ressemblaient à une menace, et qui peut-être aussi formulaient quelque énergique détermination.

L’orchestre s’était dégarni depuis longtemps, la majeure partie des imités avait suivi les musiciens ; la fête ne finissait pas : elle s’écroulait.

Amalia causait tranquillement dans le dernier groupe composé d’intimes. À voir le calme de la jeune fiancée, on aurait dit qu’elle ignorait encore son malheur, et qu’il n’y avait autour d’elle personne d’assez hardi pour le lui annoncer.

Au premier signe de la comtesse, Amalia quitta le groupe, et les deux amies, enlacées l’une à l’autre, sortirent sur la terrasse.

« Je sais tout, ma chère Octavie, dit Amalia sur le ton de l’indifférence ; ainsi, vous n’avez plus rien à m’apprendre.

— Comme elle le prend à l’aise ! dit Octavie ; c’est impossible, mon ange, tu ignores encore quelque chose. Sais-tu que le colonel part avant le lever du soleil ?

— Oui.

— Avant le mariage ?

— Oui.

— Et qu’il va se battre aux Indes ?

— Oui.

— Et qu’il ne t’épouse pas ?

— Oui.

— Voilà quatre oui merveilleux, mon ange ! dit la