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Edward, cela ne vous détourne pas beaucoup de la route des Indes ; puis-je vous engager cinq minutes comme danseur ?

— Par habitude, madame, j’oublie toujours de refuser. Je ne changerai pas mes mœurs au premier ordre qui me vient de vous. »

Sir Edward et la comtesse Octavie se placèrent au quadrille ; et, dans les intervalles des figures, l’entretien continua.

« Comment trouvez-vous notre jeune mariée, sir Edward ? dit la comtesse, vous qui arrivez du Lancastre, où la beauté des femmes console de l’absence du soleil.

— Madame, dit sir Edward, ma réponse est dans votre demande. Votre jeune amie, cette Grecque charmante, a fort heureusement échappé à la beauté classique de son pays, et son visage a corrigé, par la grâce des contours, l’exactitude glaciale du profil droit. Ses yeux d’iris, lumineux et limpides, ont une pensée dans chaque regard ; ils sont doux et vifs, et promettent un avenir plein de calme ou d’orage, au choix de l’époux. L’île de Paros n’a pas dans ses carrières un filon blanc et pur comme son cou et son front. Il faudrait lui chanter en chœur ce refrain grec : « Femme, laisse tomber tes voiles et demande des autels ! » On dirait, madame, que votre amie est aussi votre sœur.

— Ah ! sir Edward, vous analysez fort bien les ouvrages grecs…

— Et je les traduis en français, à la fin, comme vous voyez, madame.

— Oui, vous avez l’habitude d’être galant, sir Edward…

— C’est une habitude que j’ai prise dans les déserts de l’Afrique et de l’Asie. Vraiment, madame, vous êtes