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— Votre arrivée aux premières notes de mon duo m’a fait une terrible concurrence. Que n’êtes-vous venu un quart d’heure plus tard ! Vous avez seul le droit d’entrer à une fête le lendemain, parce que vous arrivez toujours des Grandes-Indes quand vous arrivez ; et l’on a des égards pour le retardataire, en considération du chemin. Ce quart d’heure me donnait un succès fou.

— Vous avez été adorable, madame, comme au concert que vous nous avez donné l’an dernier dans votre délicieuse maison de la rue des Roses. Je n’oublierai jamais cette fête. J’arrivais des Indes, cette fois ; je n’arrive que de Londres aujourd’hui, et je n’avais pas le droit d’arriver trop tard.

— Sir Edward, M. Ernest de Lucy demande à vous être présenté. Dans nos concerts il se fait ténor ou baryton pour me seconder à merveille. »

Ernest de Lucy et sir Edward échangèrent un salut de présentation.

« Vraiment, dit sir Edward en partageant ses regards entre la comtesse et M. de Lucy, vous me donnez de vifs regrets ; il m’est bien pénible de penser que je vous ai entendue chanter votre duo pour la dernière fois…

— Quelle idée, sir Edward ! dit la comtesse ; pour vous donner un démenti, nous vous le chanterons demain à ma maison de campagne, après la célébration du mariage du colonel Douglas et de ma chère Amalia.

— Comtesse Octavie, au lever du soleil je serai déjà bien loin d’ici…

— Oh ! vous êtes révoltant, sir Edward ! vous abusez de la locomotion !… Eh ! que venez-vous donc faire ici, au coup de minuit, comme un fantôme de votre Anne Radcliff ?