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— Eh bien ! demandez-lui pour moi six pieds de cabine à son bord.

— Voilà tout, comte Élona ?

— Je vous demande la vie, sir Edward.

— Au lever du soleil, vous aurez ma propre chambre à bord du Cylon.

— Sir Edward, ne faites pas les choses à demi ; je ne veux plus rentrer au bal. Donnez-moi deux lignes pour le commandant du Cylon, et je pars tout de suite. Il ne faut que vingt minutes à ce canot pour m’amener au paquebot et rentrer ici.

— Mais, comte Élona, vous avez oublié que j’ai besoin de vous pour remettre ma carte au colonel Douglas…

— Pardon ! pardon ! sir Edward. Excusez-moi… ma tête brûle… j’oublie tout… tout, excepté la seule chose qui me tue… Oui, je vais donner votre carte au colonel Douglas, et…

— Et après, comte Élona, je vous prête ce canot pour vingt minutes. Quand vous me rejoindrez, votre billet d’introduction auprès du commandant du Cylon sera écrit. Service pour service, comte Élona.

— Celui que je vais vous rendre, sir Edward, est insignifiant ; il ne sauve la vie à personne.

— Peut-être.

— Adieu, sir Edward ; à bientôt. La contredanse va finir.

— Prudence et discrétion, comte Élona. »

Lorsque le jeune proscrit polonais entra au bal, l’ivresse de la danse était à son comble. Le quadrille où figurait la belle fiancée avait une triple ceinture de spectateurs de toutes les nations, au milieu desquels se faisaient remarquer les jeunes officiers des marines française et anglaise. Les regards animés par une cu-