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bois, et fauchait, en agile moissonneur, tous les rameaux flottants qui pouvaient gêner la marche d’Octavie. Edward veillait sur elle, la main sur le pommeau de ses pistolets.



X

Une journée à Nerbudda.

Le colonel Douglas attendait la comtesse Octavie et sir Edward dans la grande avenue de l’habitation de Nerbudda : dès qu’ils parurent sous les voûtes des derniers arbres, il courut à eux, aida la jeune femme à descendre de son cheval, et la reçut avec les démonstrations de la plus cordiale amitié.

« Vous avez donc perdu votre chemin ? dit-il avec un léger éclat de rire fort naturellement noté ; on m’a conté cela il y a quelques heures, tout juste au moment où j’allais vous recevoir à Roudjali. J’ai eu peur pour vous, madame ; mais, j’ai été vite rassuré lorsque j’ai su que sir Edward était là.

— Avec sir Edward, ce sont de vraies parties de plaisir, ces aventures, dit Octavie en prenant le bras du colonel ; cependant je ne les recommencerai pas. J’espère, mon cher colonel, que vous donnerez des ordres pour me faire parvenir mes bagages, aujourd’hui, à Nerbudda. J’ai tout laissé à ce maudit village, même mes femmes de service. J’étais si heureuse de ne pas m’y laisser moi-même !… Vraiment, j’ai quelque honte de me présenter, en négligé de tigre, aux maîtres de la maison.