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devoir jusqu’au bout… L’heure est terrible. Le désert va se peupler dans les ténèbres, il faut chercher un abri ; venez, venez, suivez-moi. »

Nizam fit un signe en prononçant quelques paroles, et les deux chevaux disparurent dans l’obscurité, pour obéir au geste de leur écuyer indien.

Octavie regarda le ciel, joignit ses mains, comme pour une prière mentale, et suivit son mystérieux conducteur.



IX

Une nuit dans les bois.

Au carrefour d’une forêt, s’élevait du milieu des massifs épais de verdure, une de ces vastes cabanes où les Indiens déposent les récoltes de riz après la moisson.

Ces masures ressemblent assez aux chalets suisses ; elles sont bâties sur des pieux qui séparent leur plancher du sol, et de larges couches de bambous desséchés garnissent leur toit. On monte à l’ouverture supérieure, porte ou fenêtre, par une échelle informe. Cette cabane, connue de Nizam, et sa demeure habituelle, était depuis longtemps abandonnée, car une jeune forêt s’élevait sur ce terrain, qui fut autrefois une rizière. L’intérieur n’avait pour ameublement qu’un lit de feuilles sèches ; et les cloisons, disjointes par le soleil et les ouragans, donnaient passage aux lueurs mélancoliques de la nuit.