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VIII

Au village de Roudjah.

En arrivant à Roudjah, le comte Élona suivit littéralement toutes les instructions données par sir Edward. Il se posa en dieu Terme devant la seule porte du village, s’établit sous un dôme d’acacias à larges feuilles, avec deux domestiques toujours prêts k exécuter ses ordres, et trompa facilement les ennuis d’une longue attente en feuilletant les in-quarto de Raffles et les in-folio de Solwins. Dès qu’un nuage de poussière s’élevait vers l’horizon maritime, il courait sur la grande route et assistait au défilé des voyageurs indiens ou européens avec une émotion singulière dont il ne pouvait se rendre compte, et qui l’effrayait quelquefois comme un pressentiment. Un seul coup d’œil lui suffisait pour s’assurer que ce qui était attendu n’était pas là. Les rideaux des palanquins, les stores des voitures, les parasols agités sur le dos des éléphants, ne laissaient entrevoir que des "faces cuivrées, noires, brunes, qui rejetaient bien loin les gracieuses images dépeintes par sir Edward.

Neuf jours après le départ de l’habitation, une escorte de cavaliers cipayes étincela sur le chemin de la mer, et le cœur du comte Élona battit avec une violence extraordinaire. Cette fois, l’élan sembla lui manquer, il ne s’avança qu’avec lenteur, comme un homme qui désire ne pas voir ce qu’il attend.

Élona laissa passer l’escorte, et ses yeux plongèrent