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la fête nuptiale est superbe. Il me semble que j’assiste à mon mariage, rue Neuve-de-Luxembourg, à Paris. Cela me rajeunit de sept ans. Certes, il est permis d’aimer les dromadaires et les bohémiens ; mais je leur préfère ce bal.

— Ne trouvez-vous pas, madame, dit le jeune Edgard, qu’un bal de noces excite les invités célibataires au mariage, et que tout le monde devrait se marier le lendemain ?

— Eh ! mon Dieu ! si cela plaisait à tout le monde, pourquoi pas ?

— Ces épidémies nuptiales ne sont pas à craindre, dit Ernest de Lucy.

— Ah ! dit la comtesse, si toutes les jeunes femmes ressemblaient à notre belle Grecque Amalia, nous trouverions beaucoup de colonels Douglas ; chacun réclamerait sa part dans l’épidémie.

— Excepté moi, dit Edgard.

— Et moi, dit Ernest.

— Oh ! vous autres, messieurs, dit la comtesse, on connaît vos opinions sur le mariage, en Asie Mineure. Vous êtes jugés. Les artistes et les élèves consulaires ne viennent en Orient que dans l’espoir d’épouser quelque harem d’occasion, après la faillite d’un pacha.

— Eh bien ! madame, dit Edgard, essayez une conversion parmi ces jeunes Turcs d’Occident ; donnez l’exemple ; jetez votre mouchoir nuptial à quelque mahométan baptisé ; nous avons ici vingt Parisiennes, vos charmantes compatriotes, qui vous imiteront ; les mœurs de l’Orient seront bouleversées, grâce à vous, mesdames, et, après les faillites des pachas, les harems se vendront au rabais pour les approvisionnements du désert.

— Mais la société n’a plus rien à me demander, à