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— Et voilà ce que nous appelons des hommes !… Une femme tue un géant… et je suis comme cela aussi, moi !… C’est honteux !

— Colonel Douglas, dit Arinda quand elle fut à portée de se faire entendre, donnez-moi votre bras, je veux que vous veniez remercier l’accordeur de pianos que vous m’avez envoyé de Roudjah. Cela lui fera tant de plaisir, à cet excellent homme ! Il vient de me dire : « Oh ! si j’avais un seul mot d’éloge du colonel Douglas, je serais payé pour toute ma vie ! » Il faut vous dire qu’il a refusé mon argent.

— Voici qui me confond de surprise ! dit Edward. Comment ! nous aurons même un accordeur ! Décidément, le Bengale a donné sa démission.

— Un accordeur indien ! dit Arinda. Un compatriote ! il faut voir avec quelle dextérité de jongleur et quelle grâce d’artiste il a touché l’instrument !

— Un accordeur indien ! dit Douglas ; allons voir ce phénomène… Vous ne nous accompagnez pas, Edward ?

— Dans l’instant, je vous rejoins.

— Ne tardez pas trop, Edward…

— Non ; je fais deux tours dans cette allée, je découvre l’Amérique, et je suis à vous.

— Edward, trouvez-moi un secret de vivre encore quinze jours ; après, nous verrons.

— Douglas, je vous promets ces quinze jours. »