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lisé par le chant et la danse. Quand les cinq parties du monde exécuteront les quadrilles de Paris et la musique de Rossini, de Meyerbeer, d’Halévy, d’Adam et d’Auber, on ne tirera plus de coups de canon. Les canons ont le tort de chanter faux ; les batailles sont des charivaris intolérables. Mais savez-vous, miss Arinda, que nous allons passer ici une vie délicieuse avec un piano de Broadwood ? Nous ferons de la musique du matin au soir. Avez-vous des voisins ?

— Des voisins d’une lieue, sir Edward.

— Aux Indes, ce sont des voisins. Nous inviterons les voisins et nous danserons.

— Bravo ! sir Edward ! s’écria la jeune Indienne en bondissant de joie. Nous danserons ! Je veux d’abord que mon bal de noces soit superbe. N’est-ce pas votre avis, colonel Douglas ?

— Superbe ! dit le colonel en souriant faux.

— Nous inviterons la famille hollandaise Van Meulen, trois demoiselles et deux fils grands comme vous, sir Edward. Le plus jeune n’a pas vingt ans. Nous inviterons la famille portugaise Magnado : il y a dix personnes. La famille anglaise Clarke, six demoiselles et deux fils qui ont des cheveux roux…

— Tu oublies nos plus proches voisins, dit le nabab, tu oublies les colons d’Amérique, les Walles…

— Oui, c’est juste, je les oubliais, parce qu’ils ne sont pas amusants. On les accuse d’être quakers. L’an dernier, nous n’avons passé que cinq jours à Nerbudda. Cependant nous leur avons fait une visite, et ils ne nous l’ont pas rendue.

— Tu oublies encore, ma chère enfant, dit le nabab, que l’an dernier l’habitation de Nerbudda, malgré sa garnison, n’engageait pas trop les voisins à la visiter, à cause de la guerre. Aujourd’hui, c’est bien dif-