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— Tout juste ! le comte Élona. J’avais son nom sur les lèvres, poursuivit le chroniqueur. Un ami dévoué arrive, par hasard, de Londres… ou des Indes ; ce grand monsieur brun, Anglais, je crois oui, puisqu’il se nomme sir Edward. On ouvre les yeux de Douglas. L’ami lui dit : « Mon cher, telle chose se passe ; il faut rompre : vous êtes trompé avant d’être mari. » Le pauvre Douglas demande des explications. Une correspondance d’amour est remise entre les mains du colonel. La scène se passait au premier étage. Un consul m’a dit que c’était désolant. Douglas aimait la petite Grecque comme un fou ; mais les preuves étaient accablantes. La comtesse Octavie, qui connaissait l’intrigue à fond, a voulu défendre l’honneur d’Amalia. On lui a fermé la bouche avec la correspondance. Vous connaissez la comtesse. Quel démon habillé en femme ! Elle attendait sir Edward sur la terrasse ; elle a tenté un dernier effort, elle a même fait des gestes de menace et de malédiction. Sir Edward lui a dit : « Madame, vous ne parviendrez pas à blanchir ce qui est noir. Adieu. » Trois domestiques l’ont entendu. En dernière ressource, et pour n’avoir aucun regret, le colonel Douglas a voulu se ménager une explication avec le comte Élona. Nous avons cherché notre Polonais partout ; pas de trace du comte Élona. Au premier nuage, il était disparu. On ne l’a pas revu depuis. Le monde affirme que la comtesse Octavie lui donne asile dans sa maison. Voilà l’histoire en trois mots. C’est scandaleux, mais c’est vrai. Je ne calomnie pas. Dieu m’en garde ! je raconte ce que vous savez tous.

— Oh ! tout cela est exact ; il n’y a pas un mot à changer ! » dirent en chœur plusieurs vieilles femmes peintes sur la tapisserie du bal.

Tel était, mon cher colonel Douglas, l’échange de