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maison, une heure après le coucher du soleil… Revenons à mon rêve : il est délicieux ; je l’ai fait entre minuit et deux heures. J’ai rêvé que je me mariais.

— Voilà un rêve charmant ! avec qui, sir Edward ?

— Avec miss Sidonia, votre amie, et que sir William Bentinck m’avait donné pour dot la ville de Calcutta sur un plateau d’argent. À mon réveil, je commençais à adorer miss Sidonia ; et, quand vous aurez épousé le colonel Douglas, nous partirons tous les trois, et nous irons demander la main de votre amie pour moi à sir William. Il faut que mon rêve ait raison.

— Êtes-vous fou, sir Edward ? vous ne connaissez pas miss Sidonia !

— Voilà pourquoi je dois l’épouser. Il ne me reste plus qu’un moyen pour me marier, c’est d’épouser une femme que je ne connais pas. Je veux tout tenter avant de mourir. »

Edward, pendant la réponse de miss Arinda, tourna la tête avec cette nonchalance affectée qui, chez lui, cachait toujours une intention. Il donna aux balcons et à la porte de la façade un de ces regards rapides qui contiennent une longue et triste pensée, et rendit subitement à son front son habituelle sérénité.

« Sir Edward, vous êtes un hypocrite, disait Arinda. Quand un jeune homme veut sérieusement se marier, il trouve toujours un parti convenable ; surtout à Calcutta, où nous avons compté dans un bal deux cents demoiselles et quarante jeunes veuves… Ah ! sir Edward… vous me permettrez de vous quitter un instant pour embrasser mon père, que j’aperçois là-bas. »

Au même instant, le colonel Douglas parut sur le seuil de l’habitation ; sa toilette était soignée comme