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vers Arinda du pas nonchalant du promeneur qui termine sa course du matin.

« Miss Arinda, dit-il en s’inclinant, me permettez vous de vous donner un bon conseil ?

— Donnez, sir Edward, dit la jeune fille en présentant sa main ; on ne refuse jamais un conseil.

— À la campagne, miss Arinda, il faut toujours se lever avec le soleil. C’est une habitude qui fait vivre cent ans.

— Il paraît, sir Edward, que vous ne vous êtes pas donné ce conseil à vous-même aujourd’hui ?

— Moi ! miss Arinda ! je croirais commettre une impolitesse envers le soleil, si je ne le saluais pas à son lever. Je viens d’herboriser autour du lac.

— Seul ?

— J’étais avec le colonel Douglas. Nous avons même commis une légère imprudence, nous sommes sortis à l’aube. Douglas est remonté dans son appartement pour écrire quelques lettres à Roudjah.

— Sir Edward, votre toilette est ce matin d’une distinction, d’une fraîcheur et d’une élégance ravissantes. Personne ne vous soupçonnerait d’avoir herborisé autour du lac.

— Oh ! miss Arinda, j’ai l’habitude des terrains de l’Inde. En marchant avec précaution, je traverserais le Bengale en habit de bal, et je danserais, en arrivant, chez le colonel Fénéran, à la pointe du Coromandel… Aimez-vous les songes, miss Arinda ?

— Oui, quand ils sont beaux. J’en ai fait de tristes cette nuit ; aussi, vous m’avez horriblement effrayée avec vos tigres noirs.

— Ah ! miss Arinda, il le fallait. C’est une terreur salutaire, c’est une bonne leçon. Le nabab votre père fermera, j’en suis sûr, maintenant les portes de sa