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CONCLUSION


Scène IV.

Une salle à manger.
LE MARQUIS, DON JUAN, LE RÉSIDENT, CHARLES LEBLANC, officiers espagnols, danois, allemands, assis à table.

Charles Leblanc. Qu’on apporte le dessert.

Le Résident. Hé ! pas encore, pas encore ; il n’est pas encore temps… on n’a pas encore fini.

Le marquis. Qu’avez-vous, monsieur le baron ? vous semblez indisposé.

Le Résident. Rien, absolument rien, monsieur le général… au contraire. — Monsieur Leblanc, attendez… je veux dire, ne buvez pas de ce vin-là… je vais en chercher d’excellent que je conserve depuis longtemps. J’y vais moi-même.

Charles Leblanc bas. Envoyez un domestique.

Le Résident bas. Non. Je ne confie à personne les clefs de mon caveau… les domestiques ont si peu de soin ! Ils pourraient casser les bouteilles.

Charles Leblanc. Il craint les bouteilles cassées. Allez, allez ! on vous attendra pour le dessert.

Le Résident. Non, non, je vous en supplie, faites toujours.

Il sort. On apporte le dessert.

Le marquis à Leblanc. Monsieur, vous avez servi, ce me semble ?

Charles Leblanc. La chose n’est pas impossible. Mais pour le présent quart d’heure je suis secrétaire de monsieur le résident, du reste fort à votre service.

Le marquis. Don Juan, te souviens-tu de cet officier que nous ramassâmes à Friedland, couvert de blessures et jeté dans un fossé par les Cosaques ?

Charles Leblanc. Que le diable les étrangle ! c’était moi. Vous avez bonne mémoire, général, — Or çà, mes bons