paremment ? — Ne puis-je donc interroger mes gens sans ton consentement, petite méchante ?
Doña Catalina se levant. Parlez librement de vos tortures, moi je m’en vais.
Don José. Non, je veux que tu restes.
Doña Agustina. Mon ami, pourtant, Catalina…
Don José. Quoi ! faut-il encore qu’à votre ordinaire vous vous entremettiez entre ma fille et moi ? — Catalina, reste, je le veux. Il ne faut pas être si sensible. Il ne s’agit que d’un nègre… Ne dirait-on pas… di|(Aux nègres.)|sm|n}} Empêchez-la de sortir, Je veux que tu restes ici. Quel caractère ! (Doña Catalina veut s’élancer vers la porte, mais les nègres se placent devant elle ; alors elle va du côté de la scène le plus éloigné de don José, et s’assied les bras croisés.) (À part.) J’aime à la voir ainsi. Comme elle est belle quand le dépit lui donne des couleurs ! comme son sein est agité ! Quels yeux ! comme ils sont pleins de rage ! Elle est belle comme une jeune tigresse. — Eh bien ! Mugnoz, nous disions ?…
Mugnoz. Moi, je lui demandais toujours ses complices, car on n’empoisonne pas ainsi douze nègres tout seul, mais il serrait les dents comme un lézard mort et ne disait rien.
Don José regardant sa fille. Quelle tête ! (à Mugnoz.) C’est que tu le ménageais, Mugnoz, tu es trop doux.
Mugnoz. Par le corps du Christ ! vous êtes injuste, monseigneur. J’ai fait de mon mieux : c’est tout dire. Mais un nègre vous a la peau plus dure qu’un caïman.
Don José regardant sa fille, à demi-voix. Qu’elle est belle ! (À Mugnoz.) Enfin ?
Mugnoz. Enfin, monseigneur, n’en pouvant rien tirer, je l’ai remis au cachot, la jambe dans une bonne cangue 2 bien lourde, et demain, si vous le jugez à propos, nous le brûlerons tout vif devant l’habitation… Les empoisonneurs, ça se brûle ordinairement ; mais, si vous l’aimez mieux…
Don José d’un air distrait. Bien… mais, Mugnoz…
Mugnoz. Monseigneur ?…