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DEUXIÈME LETTRE.
Monsieur,

J’ai quinze ans et demi, et maman ne veut pas que je lise des romans ou des drames romantiques. Enfin l’on me défend tout ce qu’il y a d’horrible et d’amusant. On prétend que cela salit l’imagination d’une jeune personne. Je n’en crois rien, et, comme la bibliothèque de papa m’est toujours ouverte, je lis le plus que je puis de semblables ouvrages. Vous ne pouvez vous figurer quel plaisir on éprouve en lisant à minuit dans son lit un livre défendu. Malheureusement la bibliothèque de papa est épuisée, et je ne sais ce que je vais devenir. Ne pourriez-vous, Monsieur, vous qui faites des livres si jolis, me faire un petit drame ou un petit roman bien noir, bien terrible, avec beaucoup de crimes et de l’amour à la lord Byron ? Je vous en serai on ne peut plus obligée, et je vous promets de faire votre éloge à toutes mes amies.

Je suis. Monsieur, etc.,
Z. O.

P. S. Je voudrais bien que cela finit mal, surtout que l’héroïne mourût malheureusement.

2d P. S. Si cela vous était égal, je voudrais bien que le héros se nommât Alphonse. C’est un nom si joli !

1. Mas fiero y cruel que Carvajal.