Le Loup-Garou. Qui sont les moutons ?
Le récipiendaire. Les serfs qui travaillent pour leurs seigneurs.
Le Loup-Garou. Et les chiens ?
Le récipiendaire. Les garde-chasses, les sénéchaux, les hommes d’armes, et les moines, excepté un seul.
Le Loup-Garou. Nomme-le.
Le récipiendaire. Frère Jean de Saint-Leufroy. Il a guéri le Loup-Garou du mal Saint-Quenet 1, et le Loup-Garou a dit : « Jamais la flèche d’un loup ne percera son froc, jamais le couteau d’un loup ne fendra sa tonsure. »
Le Loup-Garou. Qui sont les bergers ?
Le récipiendaire. Les seigneurs.
Le Loup-Garou. De ces bergers quel est le pire ?
Le récipiendaire. Gilbert d’Apremont, trois fois maudit, qui se dit le maître de cette terre.
Le Loup-Garou. Qui sont les loups ?
Le récipiendaire. Les plus libres des habitants de la forêt, n’obéissant qu’au chef qu’ils se choisissent librement, ne travaillant que pour eux, vivant en bons frères ; aussi tout ce pays leur appartient.
Le Loup-Garou. Qu’as-tu fait pour être loup ?
Le récipiendaire. J’ai pris aux bergers tout ce que j’ai pu, et j’ai tué un chien.
Le parrain. Oui, il a bravement décousu le vieux garde Mathieu, sur qui nous avions déjà fait la croix 2 pour la pendaison de Petit-Jean l’écorcheur.
Le Loup-Garou. Puisqu’il en est ainsi, nous te recevons dans notre compagnie. Tu es loup, si tu jures d’observer nos lois. Jure de faire une guerre mortelle aux bergers, aux moutons, aux chiens, c’est-à-dire aux seigneurs, aux serfs, aux garde-chasses.
Le récipiendaire. Je le jure.
Le Loup-Garou. Jure d’aider, de secourir les loups, c’est-à-dire les hommes libres de la forêt, de ton arc, de ton couteau, de ta main droite, de ton œil droit.
Le récipiendaire. Je le jure.
Le Loup-Garou. Tu ne mangeras jamais de la chair de loup ni d’ours, car ils font comme toi la guerre aux ber-