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LA JAQUERIE
SCÈNES FÉODALES


Scène PREMIÈRE.

Une ravine profonde dans une forêt. Le soleil couchant éclaire à peine la cime des arbres.
Des brigands, couverts de peaux d’animaux sauvages, paraissent de tous les côtés, descendent dans la ravine, et s’assoient en cercle.
Le Loup-Garou, une peau de loup sur les épaules et un arc à la main, reste debout au milieu d’eux.


LE LOUP-GAROU, LE LIEUTENANT, LE RÉCIPIENDAIRE, BRIGANDS, etc.

Le Loup-Garou. Les loups se sont-ils réunis ?

Le lieutenant se levant. Tous, excepté Bordier qui fait sentinelle, et Wilfrid le roux qui est allé battre l’estrade.

Le Loup-Garou. Loups, mes compagnons, Étienne Durer que voici (un brigand se lève) demande à devenir loup. Depuis six mois qu’il est avec nous, il s’est comporté bravement. Il a des griffes et des dents ; il est fidèle ; il lèche qui lui donne du pain, il mord qui lui jette des pierres. Voulez-vous de lui pour votre camarade ?

Brigands. Oui, qu’il soit loup comme nous !

Le Loup-Garou. Préparez-vous donc à le recevoir. Faites le signe de la croix, et tirez vos coutelas. — Toi, Godefroid le louche, tu lui serviras de parrain. Avancez tous deux dans le cercle. (au récipiendaire.) — Qui es-tu ?

Le récipiendaire. Je ne suis ni mouton ni loup, mais je voudrais devenir loup.

Le Loup-Garou. Sais-tu les devoirs d’un loup ?

Le récipiendaire. Chasser aux moutons, mordre les chiens manger les bergers.