Don Esteban aigrement. Monsieur le capitaine, la personne dont vous parlez n’est pas du nombre de celles dont vous puissiez vous passer la fantaisie.
Don Carlos. Une paysanne !
Don Esteban. Paysanne ou autre, je vous prie de diriger votre chasse d’un autre côté.
Don Carlos. Ah ! ah ! c’est qu’apparemment vous avez la priorité ? Soit ! mais deux chasseurs peuvent bien courre le même lièvre.
Don Esteban. Trêve à vos plaisanteries ! Sachez, monsieur, que cette paysanne, sur le compte de qui vous vous égayez, sera demain ma femme.
Don Carlos. À vous ?
Don Esteban. Oui, monsieur, à moi.
Don Carlos. Ah ! ah ! ah ! La plaisanterie est excellente ! mais en vérité, j’admire votre sérieux. Ah çà ! vous savez qu’entre amis on se passe ses conquêtes après quinze jours de possession ?
Don Esteban. Monsieur, encore une fois, je parle très-sérieusement. Je vous prie de regarder dès à présent Inès Mendo comme la baronne de Mendoza.
Don Carlos. Une paysanne la baronne de Mendoza ! fort bien ! très-bien joué ! Appuyez ! voyez un peu cet air hypocrite !
Don Esteban frappant du pied. Vous ne finirez pas !
Don Carlos. Après la lune de miel, vous serez plus traitable, vous me permettrez de la prendre pour épouse ! ah ! ah ! ah !
Don Esteban lui donnant un soufflet. Voilà qui vous prouvera que je parle sérieusement.
Don Carlos l’épée à la main. Et voilà pour châtier ton insolence.
Don Esteban. Tiens, tu ne plaisanteras plus ! — Maintenant, songeons à nous… Dans la province on est sévère en diable pour ces sortes d’affaires… Je me sauve à Madrid… mais d’abord il faut dire adieu à Inès ; mon père l’amènera à Madrid… et mon mariage ne sera retardé que de quelques jours.
Premier paysan. C’est comme une vermine dans ce