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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

pondances directes et régulières. La Ligue, comme un immense réseau, enveloppait toute la France. Il ne restait au roi qu’un petit nombre de soldats sur lesquels il pût compter, et l’appui incertain et timide du parti des politiques ; on appelait ainsi tous ceux qu’effrayait l’ambition du duc de Guise, et surtout l’audace de la multitude factieuse et turbulente dont il s’entourait. Si Henri de Guise était remarquable par la suite et la constance de ses projets, son caractère offrait aussi quelques analogies avec celui de son rival par la lenteur souvent inutile qui présidait à toutes ses démarches. Il semblait se défier toujours de ses forces, ne voulait rien confier à la fortune, et ne se trouvait jamais en mesure pour tenter un coup décisif. Le modèle qu’il se proposait d’imiter, c’était Pépin d’Héristal, dont l’usurpation avait été si habilement graduée, qu’il était devenu maître absolu presque sans secousse et sans avoir besoin de recourir à la force ouverte.

Guise, avec cette disposition à temporiser, éprouva combien il est difficile de gouverner une faction. Les ligueurs, ceux de Paris surtout, étaient impatients de ses lenteurs continuelles ; ils voulaient à tout moment prendre les armes, attaquer