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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

paraissait pas avoir deux jours de suite le même caractère. Il était brave dans un combat, mais timide à l’excès pour les dangers qui ne se présentaient pas sous une forme bien définie à sa politique, offrait une suite de mesures contradictoires, d’imprudences et de faiblesses, sujet continuel de découragement pour le petit nombre de serviteurs qui lui restaient fidèles. Tel était le prince que Henri de Guise voulait détrôner.

Le duc d’Anjou, le seul prince du sang qui pût continuer la race des Valois, mourut le 10 juin 1584, d’un flux de sang suivant les uns, par le poison suivant les autres. Dès ce moment commença entre Henri III et le duc de Guise une lutte acharnée qui ne pouvait finir qu’avec la vie de l’un ou de l’autre. Cet événement ressuscita la Ligue. Tous les catholiques ardents jurèrent que le Béarnais ne régnerait pas en France, mais le duc de Guise ne voulait pas attendre la mort de Henri III pour mettre la couronne sur sa tête. Déjà ses émissaires ne faisaient plus mystère de ses projets. Désormais le but de la Ligue n’était plus de défendre la religion contre des dangers à venir, elle était devenue une conjuration patente contre le roi. Les plus modérés d’entre les ligueurs voulaient le déposer