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HENRI DE GUISE.

de voir un roi se proclamer le chef d’une faction. Mais ce qui porta un coup plus funeste à la Ligue, ce fut le refus du pape Grégoire XIII de la sanctionner ; non-seulement les ligueurs n’osèrent rien entreprendre, mais leur association parut complètement oubliée. Huit années s’écoulèrent sans qu’elle donnât signe de vie.

Cependant le duc de Guise ne s’endormait pas, il cherchait et trouvait des alliés hors de France. Il offrait de garantir la couronne des Pays-Bas à don Juan d’Autriche, qui s’engageait de son côté à soutenir ses prétentions au trône de France. Après la mort de don Juan, cette négociation fut reprise par Philippe II, qui conclut un traité du même genre avec le duc de Guise ; en même temps celui-ci grossissait toujours le nombre de ses partisans, excitait le mécontentement des provinces, et ne négligeait aucun moyen pour rendre le roi odieux ou ridicule.

Il était puissamment secondé par les fautes continuelles de ce prince, mélange indéfinissable de tous les vices et de plusieurs vertus. Tantôt livré aux plus honteuses débauches, tantôt affectant une dévotion dont les pratiques ridicules semblaient méprisables même aux plus superstitieux, Henri ne