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HENRI DE GUISE.

le roi de Navarre, prince calviniste. Mais était-il probable que le peuple qui venait de massacrer les huguenots voulût obéir à un hérétique ? On commençait à se demander qui régnerait en France, si, comme il était vraisemblable, le roi et son frère mouraient sans postérité. Le duc de Guise vit qu’il n’y avait que deux hommes entre le trône et lui. Déjà, depuis plusieurs années, et à tout événement, il s’était fabriqué une généalogie qui le faisait descendre de Charlemagne. Cette invention trouvait des dupes, et l’éclat de sa gloire, aux yeux des plus fervents catholiques, légitimait son usurpation.

De retour en France, Henri III recommença à guerroyer contre les protestants, probablement pour flatter le fanatisme du peuple. Cette guerre fut malheureuse pour ses armes ; après deux ans de revers, il la termina brusquement par une cinquième paix dont les conditions furent les plus avantageuses que les réformés eussent encore obtenues. Les catholiques jetèrent les hauts cris, et l’indignation fut générale. Guise crut que le moment était favorable pour agir.

Dès l’année 1568, étant gouverneur de Champagne et de Brie, il avait organisé dans ces provinces une association dont le but apparent était