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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

quait à entretenir la haine des Parisiens contre les protestants, qui deux fois s’étaient approchés en ennemis de leurs murailles.

Tout d’un coup, au moment où Coligny semblait jouir de la plus haute faveur, un misérable, nommé Maurevel, tente de l’assassiner, et le blesse grièvement d’un coup d’arquebuse. Maurevel était-il, comme on l’a cru, « l’assassin du roi ? » Était-il aposté par le duc de Guise ? Tous deux, sans doute, avaient trempé dans cet attentat. Quoi qu’il en soit, Henri parut s’en déclarer l’auteur ; car il quitta Paris aussitôt, comme pour se soustraire aux poursuites. Le coup qui devait priver les protestants de leur chef était manqué. L’alarme était donnée, ils pouvaient recommencer la guerre. Les catholiques voyaient avec effroi que cette imprudente tentative allait accroître les forces de leurs adversaires. Ils entourent le roi, lui disent que sa vie est menacée, et qu’il ne peut se défendre qu’en prévenant ses ennemis. C’est de ce moment seulement que le massacre des huguenots rassemblés dans la capitale paraît avoir été résolu. Guise, revenu en secret à Paris, arme ses partisans, soulève le peuple, et lorsque les épées sont tirées, que le sang a commencé à couler, il dit au roi : « Rien ne peut