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HENRI DE GUISE.

deux factions rivales leur étaient également suspects, également odieux. La politique du roi avait été de pencher alternativement pour l’un ou pour l’autre, d’empêcher surtout l’anéantissement de l’un des deux partis, n’espérant que dans leur division pour conserver l’autorité royale. Pendant la vie du duc François, l’ascendant de ce grand capitaine alarma Catherine, et l’obligea à favoriser en secret les protestants. Après la mort de François, son fils, à cause de sa jeunesse, n’inspirait plus les mêmes craintes, et Coligny devenait l’homme le plus dangereux pour le roi. La force ouverte n’avait pas réussi ; il fallut temporiser pour essayer de la trahison. Le roi attira à Paris l’amiral et les principaux seigneurs calvinistes, et parvint à endormir leur méfiance à force de caresses et de bons procédés. Rien ne prouve que l’exécrable massacre du 24 août 1572 ait été préparé de longue main, mais tout porte à croire que Coligny, et probablement quelques seigneurs influents de son parti, étaient depuis longtemps condamnés en secret. Le duc de Guise, devinant peut-être les projets de la cour du Louvre, ne perdait pas de vue l’ennemi de sa famille. Adoré du peuple de Paris, disposant d’un grand nombre de gentilshommes dévoués, il s’appli-