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HENRI DE GUISE.

aux protestants qu’une concession honteuse, preuve de la faiblesse du roi et de son indifférence pour les intérêts de la religion catholique. L’expérience et la connaissance des hommes s’acquièrent vite dans un temps de trouble et dans une position élevée ; Henri, malgré sa jeunesse, ne parut pas au-dessous du rôle qu’il était appelé à jouer. Habile à dissimuler, prodigue de ses richesses pour se faire des créatures, prudent et circonspect dans sa conduite, mais suivant toujours avec persévérance ses projets ambitieux, il eut toutes les qualités d’un chef de parti. Il aspirait au trône, et il y serait sans doute parvenu s’il eût vécu dans un temps où le respect des races royales eût été moins enraciné dans l’esprit des masses.

Cromwell, au début de sa carrière, disait souvent : « Je ne sais pas encore tout ce que je veux. » Jusqu’à ce que les circonstances lui offrent une route bien nettement tracée, l’ambition essaie des sentiers différents, qu’elle abandonne tour à tour en reconnaissant qu’ils sont ou trop détournés ou bien inaccessibles. Le duc de Guise, que le retour de la tranquillité obligeait à un repos forcé, chercha autre part que dans la guerre le moyen d’accroître sa puissance. C’était un des plus beaux hommes de