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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

avec des naturalistes distingués, dont la conversation, mieux que tous les livres, abrégea pour lui l’ennui des premières études. Une excellente mémoire, une heureuse disposition à bien observer, comparer, analyser les objets qui passaient sous ses yeux, lui firent faire de rapides progrès et prendre un intérêt véritable à ce qui n’avait été d’abord qu’un amusement pour sa solitude. En même temps, il étudiait la médecine, plutôt avec une curiosité philosophique qu’en vue d’en faire un jour sa profession, car il y trouvait deux objections considérables : en premier lieu, l’incertitude de la science et la responsabilité qu’on ne peut éviter d’encourir dans la pratique, où les erreurs sont très-faciles ; puis le charlatanisme à peu près inévitable, peut-être même nécessaire au succès du médecin, répugnait complètement à sa nature fière, honnête et vraie. Il se dit qu’en se livrant tout entier à l’étude des sciences naturelles, il n’aurait ni à redouter des distractions dangereuses, ni à s’occuper de se faire une clientèle, et que cependant il pourrait être utile,

Être utile était pour lui un principe absolu dont il était pénétré et dont il n’admettait plus l’examen. Esclave de ce qu’il considérait comme le premier