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VICTOR JACQUEMONT.

Après un long séjour à Lahore et à Cachemyre, et après plusieurs longues excursions dans les montagnes et dans les vallées de ce royaume, Jacquemont rentra dans les possessions de la Compagnie. Il s’arrêta d’abord à Poonah, où il fut quelque temps malade ; il se rétablit pourtant assez pour continuer son voyage ; mais sa santé se ressentait des fatigues extraordinaires qu’il avait endurées. Le changement subit de climat avait développé en lui les germes de la maladie de foie si funeste pour les Européens. Déjà les forces de son corps étaient épuisées, et il n’était plus soutenu que par l’énergie extraordinaire de son âme.

En quittant Poonah, il voulut voir l’île de Salsette ; la chaleur dévorante et les miasmes pestilentiels de ses forêts achevèrent de ruiner sa constitution. Il s’aperçut, mais trop tard, que le coup fatal était porté. Il arriva à Bombay à la fin d’octobre 1832 ; le lendemain de son arrivée il fut obligé de s’aliter. Alors, avec son sang-froid ordinaire il se prépara à la mort. Son premier soin fut de pourvoir à la conservation de ses collections et de ses manuscrits ; il fit ensuite ses adieux à sa famille dans une lettre où il paraît oublier ses souffrances pour consoler ceux que sa mort allait plonger dans