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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

lieux, les aspects de la nature sont plus exactement peints, car l’auteur sait voir et choisir dans le spectacle qu’il a sous les yeux. Là encore se montrent le tact et la sobriété qui caractérisent Pouchkine. Tout jeune, il sait commander à son imagination, il se contient et se corrige. Ce n’est point Mazeppa lié sur le cheval sauvage, c’est un écuyer bien en selle, qui conduit sa monture là où il veut aller. Il me semble qu’aujourd’hui on méprise un peu trop le travail et qu’on n’estime que les génies primesautiers. Chez Pouchkine la verve ne fait pas défaut assurément, mais elle est accompagnée d’un goût sévère et d’un désir de la perfection que le « travail de la lime » limæ labor, ne rebute pas.

II

L’influence de lord Byron sur Pouchkine fut de longue durée ; elle a produit plusieurs ouvrages remarquables que j’hésite à nommer des imitations. On dirait plus justement que le poëte russe s’exerce sur un terrain où l’Anglais s’est signalé avant lui. Byron, abandonnant pour un moment les pas-