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EDWARD ELLICE.

savait beaucoup, car toujours il avait dîné en bonne compagnie.

Tous les ans il passait quelques semaines en France et s’informait curieusement de toutes les nouveautés. Il allait l’été au fond de l’Écosse s’établir dans une coquette petite maison au bord d’un beau lac, entourée de hautes montagnes, sur lesquelles, au moyen d’une lunette, on voit errer des troupeaux de cerfs sauvages. Là il réunissait les hommes les plus distingués dans la politique, les sciences et les arts. Beaucoup d’étrangers y étaient invités. Les femmes à la mode, les beaux esprits de Londres, tenaient à honneur de passer quelques jours dans le cottage de Glenquoich. On était prévenu qu’on allait au désert et qu’on y serait logé à l’étroit, comme à bord d’un vaisseau. C’était bien le désert en effet, mais le désert le plus pittoresque, et pourvu de toutes les recherches d’un luxe de bon goût et d’un cuisinier français. Ce qui valait encore mieux, c’est l’accueil charmant qu’on y trouvait, c’est un savoir-vivre parfait qui, laissant à chacun liberté entière, établissait en peu de temps une douce intimité entre tous les hôtes de Glenquoich. M. Ellice faisait le plus noble usage de sa fortune. Il était toujours prêt à venir en aide