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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

Le deuil fut universel à Athènes. La municipalité a décrété qu’un tombeau serait élevé à M. Lenormant à côté de celui d’Ottfried Müller. Elle demanda que son cœur restât dans cette Grèce qu’il avait tant aimée. Une députation accompagna jusqu’à Paris sa dépouille mortelle, et au bord de sa sépulture de famille, après que ses confrères de l’Institut lui eurent adressé leurs derniers adieux, un Grec, au nom de ses compatriotes, dit leurs regrets dans la belle langue de son pays.

La vie de M. Lenormant n’a pas été longue, mais heureuse et bien remplie. Tous les bonheurs que les affections de famille, l’étude et le sentiment de devoirs consciencieusement accomplis peuvent assurer à une âme élevée, il les a connus et il en a été comblé. Il laisse pour héritage à son fils un noble exemple et des travaux commencés qui s’achèveront. Une pareille carrière est assurément digne d’envie, mais il est affreux de penser qu’un peu moins d’ardeur, un jour de repos, auraient pu conserver à ses amis et à la science un homme encore si plein d’avenir.

Décembre 1859.