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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

sons pestilentielles des marécages, c’était se vouer à une mort certaine ; que le mauvais temps rendrait leur retour à Athènes par mer impossible, et qu’il fallait absolument gagner Corinthe par terre, au plus vite. Le conseil était trop sérieux pour être négligé. On se procura des chevaux non sans peine, et l’on se mit en route par une journée froide et pluvieuse. M. Lenormant, qui pouvait à peine se tenir sur sa selle, voulut s’arrêter à Piadha pour montrer à son fils le lieu où s’était tenue en 1821 la première assemblée des Grecs émancipés. Arrivé à Sophico, après une longue marche, il fut saisi d’un sommeil de plomb dont il ne se réveilla qu’au bout de dix-huit heures, encore plus faible qu’auparavant. Soutenu cependant par son énergie morale, il continua sa route et arriva le 15 novembre à Kalamaki ; c’est le port de Corinthe sur le golfe Salonique. Un tremblement de terre a détruit toutes les maisons, et le pauvre malade ne put trouver asile que dans un cabaret, où on le coucha sur la capote d’un douanier. On va de Corinthe au Pirée en trois heures par un temps ordinaire. Mais entre Égine et Éleusis, presque en vue de l’Acropole d’Athènes, une bourrasque assaillit leur barque, la remplit d’eau, et ce fut à grand’peine