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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

cependant la jeunesse studieuse, qui n’aime pas à perdre ses préjugés, encore moins à les discuter, siffla son maître et crut avoir décidé la question.

Un autre cours, où parmi ses auditeurs il ne devait compter que des hommes avides de s’instruire, et où les allusions politiques et religieuses ne pouvaient guère avoir accès, l’attendait au Collége de France. Il appartenait au premier des disciples de Champollion de continuer l’enseignement qu’il avait fondé. Pendant plusieurs années, un savant illustre, qui avait accepté cette chaire immédiatement après Champollion, avait abandonné l’Égypte des Pharaons pour ne s’occuper que de l’époque des Ptolémées. M. Lenormant ramena le cours au programme de sa fondation, et c’est à lui qu’on doit d’avoir rendu à la première de nos écoles l’enseignement d’une science créée, pour ainsi dire, dans notre pays.

Il a rempli plusieurs fonctions publiques, et dans toutes il a signalé son passage par des améliorations que lui suggéraient son esprit juste et méthodique et son dévouement à l’étude. Au cabinet des médailles, il a dirigé les acquisitions de manière à combler les lacunes qu’une espèce de partialité scientifique de la part de ses prédécesseurs avait laissées dans cette riche collection. Avant d’en être