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CHARLES LENORMANT.

de progrès aux sciences naturelles lui parut non moins féconde en résultats, appliquée aux études archéologiques. De sa part, plus que de celle d’aucun autre peut-être, ce mode d’investigations patientes a droit d’être noté, car l’imagination ne faisait point défaut à M. Lenormant. Elle aurait pu l’entraîner bien loin si elle ne se fût trouvée associée en lui à un esprit juste et à une bonne foi admirable. L’imagination peut perdre un archéologue si l’orgueil et l’entêtement lui persuadent de s’abandonner à une espèce de divination qu’il prend pour la science infuse. Elle est, au contraire, une qualité utile et précieuse lorsque, fortifiée par une méthode éprouvée, elle abrége et résume les conclusions de l’expérience. Par un de ces instincts qui ne sont, à vrai dire, que des raisonnements rapides, M. Lenormant entrevit souvent le but avant d’avoir écarté les obstacles qui l’en séparaient ; mais il ne crut jamais l’avoir atteint avant d’avoir complètement parcouru et déblayé la route qui doit y conduire.

Les religions des peuples de l’antiquité furent pour lui l’objet d’une étude assidue. En effet, elles ont laissé dans tous leurs ouvrages des traces impossibles à méconnaître. Leurs temples, leurs tom-