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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

éducation classique, et, qui plus est, d’être admis fort jeune encore dans la société d’écrivains et d’artistes illustres. Une mémoire excellente, la connaissance des principales langues de l’Europe, un amour du travail que les séductions du monde ne troublèrent jamais, enfin un vif penchant vers tout ce qu’il y a de noble et de grand, le préparaient merveilleusement aux études sérieuses et difficiles. Le goût des arts, inné chez lui, se développa et se forma de bonne heure en présence des plus beaux monuments de l’antiquité et dans la familiarité de maîtres illustres. En 1828 il parcourut l’Égypte, terre encore presque inconnue à la science, avec Champollion pour guide. Il assista, pour ainsi dire, à ses découvertes, il en reçut la première confidence, et en pressentit l’immense portée. Esprit à la fois curieux et délicat, il étudiait l’antiquité dans ses monuments écrits en même temps que dans ses œuvres d’art, croyant que séparer ces deux études, c’est laisser l’une et l’autre incomplètes. En peu de temps la plupart des musées de l’Europe lui devinrent aussi familiers que les galeries du Louvre. Il posséda ainsi de bonne heure, grâce à ses nombreux voyages, une sûreté de coup d’œil et un tact qui ne s’acquièrent, le plus souvent, que par une longue expérience.