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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

parler courtisanesque de son temps ; mais la cour, étant alors presque nomade, et fréquentée par un grand nombre d’étrangers, avait un vocabulaire beaucoup plus riche et moins pur qu’il ne le fut depuis. En parlant tout à l’heure des influences de l’Italie, nous aurions dû citer celle qu’elle exerça sur la langue française. Tout idiome encore rude et inculte, emprunte avidement des mots à un langage plus poli et travaillé. Le xvie siècle fut pour le français une époque de révolution. Tandis que les érudits y introduisaient une foule de latinismes, voire d’hellénismes de formes inconnues au génie gaulois, les gens de guerre rapportaient d’au delà des Alpes force mots nouveaux, estropiés pour la plupart, qui formèrent une espèce de jargon adopté aussitôt par le monde élégant. Il fallut, pour arrêter cette double invasion de la pédanterie et de la barbarie, le bon sens et la verve ironique d’écrivains tels que Rabelais et Henri Estienne, nourris de fortes études classiques, mais vivant parmi le peuple, excellent conservateur du langage.

À son français italianisé, Branthôme mêle encore quelques bribes d’espagnol, et surtout une grande quantité de mots gascons et périgourdins : car ni ses voyages, ni sa résidence à la cour, ne lui firent